By Swissquote Analysts
L'année du boeuf

La plupart des analystes s’attendent à ce que l’Année du Buffle soit placée sous le signe de la prospérité pour la Chine. La croissance du PIB devrait atteindre 8 %, tandis que l’indice MSCI China devrait afficher une croissance des bénéfices supérieure à 15 %. Toutefois, ces prévisions dépendent en grande partie de l'évolution de facteurs extérieurs.
Les retraits de la cote inquiètent
Nous sommes nombreux à avoir définitivement tiré un trait sur la présidence Trump. Néanmoins, un décret présidentiel signé par Donald Trump en novembre 2020 interdit les investissements américains dans des sociétés chinoises que la Maison-Blanche soupçonne d’être contrôlées par l’armée chinoise. En réaction, le New York Stock Exchange (NYSE) a déclaré qu’il commencerait à retirer de la cote China Mobile, China Telecom et China Unicom Hong Kong. Après quelques hésitations, le NYSE a fini par initier le processus de retrait de la cote, ce qui a eu des conséquences pour les fournisseurs d’indices tels que Standard & Poor’s, Dow Jones, MSCI et FTSE Russell. Le marché craint que d’autres entreprises chinoises connaissent le même sort. L’incertitude persiste quant à la décision du président Biden: annulera-t-il ou modifiera-t-il ce décret? Bien que Joe Biden ne devrait pas faire marche arrière publiquement sans obtenir quelques concessions de la part de la Chine, nous estimons que le NYSE pourrait revenir sur sa décision (avec le soutien politique de Janet Yellen et du Trésor américain). Si le retrait de la cote ne constitue pas un problème majeur en soi, ce qu’il représente enverra un signal puissant sur les relations sino-américaines.
Le début d’une nouvelle ère à l’OMC?
La nomination de l’économiste nigériane Ngozi Okonjo-Iweala à la tête de l’Organisation mondiale du commerce laisse à penser qu’une approche plus stricte vis-à-vis de la Chine pourrait être adoptée à l’avenir. Les États-Unis et l’Europe ont clairement placé la Chine en tête de leurs priorités en matière de conflits commerciaux. Trump a haussé le ton à maintes reprises avec la Chine et semblait obtenir gain de cause vers la fin de son mandat. Pourtant, en 2020, les importations chinoises de produits américains n’ont atteint qu’environ 60 % du volume total négocié dans le cadre de la «phase 1» de l’accord commercial entre Washington et Pékin. Les États-Unis ne pourront se satisfaire d’un tel pourcentage, car ils ont déjà instauré des droits de douane sur des produits à hauteur de plusieurs milliards de dollars. La Chine a prospéré et a vu sa balance commerciale atteindre un nouveau sommet historique, et ce, malgré les droits de douane et les restrictions liées à l’épidémie de Covid-19. Les nations occidentales ne verront sans doute pas cette évolution d’un bon œil. Les évolutions sur le front commercial viennent menacer les solides perspectives de croissance de l’économie et des bénéfices de la Chine en 2021. Les États-Unis et l’Europe feront part de leurs priorités, et la relation commerciale entre Washington et Pékin ne devrait pas changer de manière significative au cours de l’Année du Buffle.
Lancement des campagnes de vaccination
La Chine a imposé des mesures de santé publique strictes pour contenir le nombre de cas pendant les différentes vagues de l’épidémie, ce qui lui a permis de réduire ses chiffres en la matière. Toutefois, la lenteur de son adoption des vaccins contre la Covid-19, lesquels sont essentiels au contrôle de l’épidémie sur le long terme, pose problème. Peut-être est-ce dû au fait que l’ingénierie comportementale a si bien fonctionné que le sentiment d’urgence fait défaut. L’année dernière, les festivités du Nouvel An lunaire (le 12 février) avaient entraîné une hausse prononcée du nombre de cas de Covid-19. Cette année, bien que des mesures de restriction des déplacements aient été instaurées, les craintes liées à l’épidémie restent justifiées. Le PIB chinois devrait s’accroître de 8 % en 2021, son rythme le plus élevé sur les dix dernières années. Cependant, l’incapacité à maîtriser la propagation du coronavirus pourrait compromettre ces prévisions.
Alors que le marché boursier chinois a surperformé le reste du monde et que la croissance chinoise contribue largement à la reprise de l’économie mondiale, il convient de garder un œil sur la moindre perturbation.